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Pietracorbara : une plage, une plaine, des hameaux, la montagne

Par sa plage de sable, sa vaste plaine partagée entre habitations, zones agricoles et zones naturelles, par ses hameaux typiques aux toits de lauzes, ses tours et ses ponts génois qui enjambent la rivière, ses fontaines restaurées, ses chemins entretenus qui irriguent un maquis dense et parfumé, la vallée de Pietracorbara (Petracurbara en langue corse) est l’une des plus authentiques et des mieux préservées du Cap Corse. Située sur la côte est, à dix-huit kilomètres de Bastia, elle couvre 26 km² et sa façade maritime, entre Sisco et Cagnano, s’étend sur cinq kilomètres. Sa latitude est de 42°50’ Nord et sa longitude est de 9° 25’ 08’’ Est. Elle fait face aux îles de l’archipel toscan, notamment Caprai (au nord) et Elbe à l’est. Pietracorbara, vallée ouverte sur la mer, est aussi adossée à la montagne. Son territoire communal s’élève de 0 à 1139 mètres (Monte Alticcione) en huit kilomètres à vol d’oiseau pour atteindre les crêtes du massif de la Serra, épine dorsale qui parcourt le Cap Corse du sud au nord.

En 2010 la commune comptait, pour la première fois de son histoire, autant d’habitants en plaine que dans les sept hameaux qui la composent. Avant cette date, les hameaux rassemblaient la majorité des Corbarais permanents. Depuis 2013 l’écart se creuse en faveur de la plaine. Le prochain recensement établira la nouvelle répartition démographique. En plaine, l’habitat occupe de larges zones ouvertes à l’urbanisation. Il existe aussi deux lotissements (Castellare au sud et Santuario au nord-est) qui regroupent des ensembles bâtis. Le quartier de Saint-Antoine (du nom du saint patron d’une chapelle) et celui situé au nord de la plage fixent aussi un habitat plus dense. Pour le reste, en plaine, de nombreuses villas, pour certaines agrémentées de piscines, ont poussé le long du CD 232 aux lieux-dits CampellePresa et Marina.
En été, on estime la population à 2 200 habitants (entre le 1er juin et le 30 septembre) soit plus de trois fois la population permanente. Les estivants occupent maisons familiales, gîtes, hôtels (capacité : 30 chambres) et campings.
Passée la plaine, à une altitude supérieure à 100 m, s’étagent les sept hameaux historiques : PonticelloOrnetoOretaSelmaccePietronacceCortina et Lapedina. Ils forment le cœur de la commune et méritent d’être visités.
En voici une présentation reprise, pour l’essentiel, du livre « Une vallée sur la mer » avec l’autorisation de Dominique Antoni, son auteur.

Ponticello, porte de la vallée

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Le hameau tient son nom du vieux pont génois sous lequel coule I Fiumacci, l’un des bras de la rivière du village. Il ouvre sur tous les hameaux et accueille, au printemps, les visiteurs avec des brassées d’hortensias qui semblent jaillir des jardins. Les Curbaresi qui montent ou qui descendent doivent passer le Ponticello ! « Ici c’est la douane » disait une habitante moqueuse, installée sur l’un des trottoirs qui surplombent la route. Autrefois on s’arrêtait au Ponticello. Il y avait une buvette et une épicerie qui ont fermé en février 1976. Le hameau comptait un cordonnier (entre 1905 et 1918) et un menuisier (jusqu’en 1942) spécialisé dans la fabrication de… cercueils. Les curés en charge de la paroisse de Pietracorbara logeaient dans une maison cossue à l’entrée du village et c’est là, en 1932, que le curé Auguste Giuntini, dépressif, s’est tranché la gorge.
C’est un hameau tout en longueur : deux rangées de maisons encadrent la route principale. L’ensemble ne manque pas d’harmonie et les jardins qui entourent les habitations sont encore pleins de ressources. On observera de beaux arbres dans le périmètre direct du hameau : un cèdre du Liban ainsi qu’un myrte de 30 ans et un araucaria dans le jardin qui se trouve en face de la route qui monte à l’Orneto.

Orneto, le hameau aux deux tours

Ces tours carrées du XVe et du XVIe siècles servaient pour la population de lieu de repli et de défense en cas d’attaque des Barbaresques. Aujourd’hui encore les maisons s’ordonnent, en essaim, autour de la tour centrale. Les toitures en lauzes traditionnelles, les bâtisses restaurées avec goût donnent à ce hameau une certaine homogénéité architecturale.
L’Orneto possède encore toutes les caractéristiques d’un hameau capcorsin : une tour, une placette centrale (elle sert de parking), une chapelle (Sainte Catherine d’Alexandrie), des fours à pain : au moins quatre sont encore en état de marche sur les 17 recensés au début du XXe siècle et la « fête des fours » qui a lieu tous les ans depuis août 2006 se tient précisément dans ce hameau. Les fontaines se font plutôt rares mais celle de Funtanella a été remise en eau en 2007. Une imposante bâtisse rivalise, par son importance, avec la tour génoise. Elle se dresse au-dessus de la placette et la domine de ses trois étages et de son toit à trois pentes.
Elle aurait été la demeure du général Lazarini, Gouverneur de l’île de Malte. Cette noble maison est devenue caserne dans la première moitié du XIXe siècle. Elle a abrité les « voltigeurs », des gendarmes corses spécialisés dans la lutte contre le banditisme. On a longtemps cru qu’elle contenait un trésor.
L’abbé Pierre Lhostis, dans ses « Bribes d’Histoire locale de 1100 à 1960 » indique que ce hameau « présentait neuf pressoirs à huile, signe infaillible de récoltes abondantes d’olives ». A la fin du XIXe siècle il comptait aussi dix métiers à tisser. Le lin et la laine étaient les matières premières généralement utilisées.
Plus près de nous (1987), une scène de « Nous deux », le film d’Henri Graziani avec Philippe Noiret et Monique Chaumette, a été tournée dans une maison du hameau.
Aujourd’hui l’Orneto compte une trentaine d’habitants en hiver.

Oreta, le hameau aux riches heures

C’est le hameau-pivot entre le haut et le bas du village. Il possède encore un restaurant, l’école (31 enfants à la rentrée 2010), une garderie et la mairie.
La tour carrée qui domine Oreta suprana (partie supérieure du hameau) est en ruines. Le hameau en impose, avec deux belles maisons de maîtres (I palazzi d’Americani). L’une d’elles (Maison Perichi) avait un système d’arrivée d’eau entièrement autonome. L’eau d’une source était captée et stockée dans un bassin directement relié à la bâtisse afin de l’alimenter par gravitation. Une chapelle dédiée à Saint Antoine l’Ermite, avec sa porte orientée vers l’est et, sur son fronton, le triangle trinitaire (Père, Fils et Saint Esprit) est située en contre bas d’Oreta suprana. Le hameau compte une grande diversité de maisons. Un ancien moulin à huile (fragnu) a été transformé en gîte rural tandis que le moulin à grains devenu mulinu vivu, au bord de la rivière, connaît, avec sa restauration, une nouvelle jeunesse.

Selmacce, le hameau en balcon

C’est, par excellence, le hameau en balcon qui regarde la mer. Selmacce s’étire joyeusement sur son belvédère. Il fait bloc avec Pietronacce qui grimpe presque jusqu’à Cortina. Les palmiers sont chez eux à Selmacce, dans les jardins des villas comme dans ceux d’anciennes propriétés. Tout est en pente dans ce quartier truffé d’escaliers qui montent et qui descendent. Certains s’étirent sous une voûte tandis que d’autres se faufilent entre les jardins ou quittent le hameau vers le nord, en direction de A Custera. L’arrivée de l’eau, en 1924, a changé bien des choses. On y a construit deux lavoirs aujourd’hui désaffectés. Plusieurs maisons de Selmacce ont été rénovées, notamment dans le but de les louer en été. La municipalité projette l’aménagement d’un parking à l’entrée du hameau afin de supprimer l’encombrement automobile au début de l’unique rue qui se termine sur la placette, côté sud.
La population du hameau compte de nombreux actifs qui vont travailler tous les jours à Bastia ainsi que de jeunes retraités qui ont choisi de quitter la ville pour s’installer définitivement au village.

Pietronacce, son ancien moulin, sa fontaine

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Hameau en balcon, il grimpe au-dessus de la route principale. La chapelle Saint-Roch marque la « frontière » avec Selmacce, son hameau jumeau. Pietronacce, avec un moulin à huile, quelques fours à pain et -plus original- un maréchal-ferrant jusqu’en 1938, a connu une belle activité. Elle s’est étiolée après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui le village est accueillant. A voir : la fontaine du hameau, restaurée en 1998. Elle représente un très bel ensemble de voûtes et de bassins. Vous la trouverez à une centaine de mètres des maisons, sur le chemin des jardins. Sur la route qui y conduit, observez la pierre d’un moulin joliment encastrée dans un mur de pierres sèches.

Cortina : authentique de haut en bas

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C’est l’un des hameaux les plus authentiques et les plus attachants du village.
« I Curtini » signifie « l’enceinte, la cour », il s’agit de l’origine du nom du hameau. Il est posé à flanc de montagne et fait face à l’île d’Elbe. Il est composé de deux parties bien distinctes : Cortina suprana (le haut) et Cortina suttana (le bas). On trouve, surtout dans le bas du hameau, de belles maisons de pierres et un jeu de voûtes bien conservé. Il est pourtant miné, aujourd’hui, par l’indivision (certaines maisons abandonnées sont en péril) et par quelques restaurations intempestives peu respectueuses du lieu. Mais la magie demeure : on imagine encore des familles de labeur, bergers ou paysans, à la vie simple et rude. Un maréchal-ferrant officiait aussi au hameau dans la première moitié du siècle dernier ainsi qu’un menuisier jusque dans les années 70, preuves d’une activité économique non négligeable.
Cortina suprana possède encore un très beau four à pain ainsi qu’un fucone (âtre central) dans une maison ancienne.
De Cortina partent des chemins de randonnée qui conduisent vers les crêtes. En quittant le hameau (direction sud-ouest) vous longez d’anciens chemins familiaux et, sous les chênes liège, vous pourrez découvrir d’anciennes aires à blé (aghje) qui ont mal résisté au temps et aux sangliers. Elles mériteraient d’être restaurées comme des monuments à la mémoire du labeur des anciens.
En 2010 un vaste chantier de restauration des espaces publics du hameau (placettes, escaliers) a été lancé par la municipalité avec le soutien de l’Office de l’Environnement de la Corse et du Conseil général de la Haute-Corse. La fin des travaux est prévue pour juin 2011.

Lapedina, berceau de la vallée

C’est le hameau le plus haut perché (350 m d’altitude en moyenne) de la vallée et, avec Cortina. On parle souvent de Lapedina suprana comme du berceau du village. De là ont essaimé les familles qui se sont installées plus bas dans la vallée, à mesure que s’estompait la crainte des incursions barbaresques. Le hameau du haut compte encore quelques belles maisons mais aussi beaucoup de bâtisses en ruines, victimes de l’indivision. Lapedina est un hameau à visiter (attention toutefois aux chutes de pierres et aux passages dangereux) car il est l’exemple type d’un ensemble capcorsin traditionnel, avec d’admirables murs et voûtes en schiste vert, un four encore en état de marche, un lavoir et sa fontaine (remise en eau en avril 2007), des perrons de pierre, de beaux linteaux, une chapelle.
Lapedina a été, jusqu’à la fin du XIXe siècle, un hameau très peuplé. En 1878, par exemple, il comptait cent-quatre-vingt-dix habitants et une école, fréquentée par trente-neuf enfants. Si Lapedina suprana est le hameau « historique » par excellence, aujourd’hui c’est Lapedina suttana (le bas) qui concentre l’essentiel des habitants et connaît un développement mesuré. Une infirmière, un informaticien, une apicultrice y vivent toute l’année. Et, depuis 2006, un jeune agriculteur a remis en valeur la châtaigneraie du hameau et produit, sur place et en famille, de la farine de châtaignes.
Un palazzu d’Americanu (maison de maître construite par un Corbarais ayant vécu à Porto Rico) marque le cœur du hameau qui s’étire le long de la départementale 232.
De là, une piste rejoint, vers le nord, le haut de la vallée de Cagnano.

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